big boss un succes

Big Boss marque un tournant dans la carri�re de Bruce Lee: c'est ce film qui va faire de lui une star en Asie puis en Occident.

big boss un succes Coulisses

Le tournage du film d�marre en juin 1971 dans un petit village pr�s de Bangkok en Thailande. C'est le film du dernier espoir pour Raymond Chow, � peine deux ans apr�s la cr�ation des studios de le Golden Harvest, car le producteur est au plus mal. La concurrence est rude et surtout avec l'ancien studio pour lequel il travaillait. Lui, Raymond Chow l'ancien bras droit de la Shaw Brothers qui part en total d�saccord et d�cide de cr�er son propre studio en rachetant les anciens studios Cathay � Kowloon et emmenant avec lui quelques personnes d�vou�es � sa cause, dont Lo Wei qui sera le second r�alisateur de "Big Boss", le premier jug� incomp�tent sera rempla�� au bout d'une semaine. Lo Wei prit la d�cision de changer le script: au lieu de mettre l'accent sur James Tien, il fit de Bruce Lee le personnage principal. L'�quipe reprit le tournage avec une ardeur nouvelle afin de boucler le film dans les d�lais. Mais malheureusement la situation se d�grade rapidement entre Bruce Lee et Lo Wei,leur premi�res disputes se transform�rent en une antipathie permanente. Bruce n'apr�cie pas trop la fa�on de travailler du r�alisateur. Lo �coute la radio � longueur de journ�e, fumant cigare sur cigare; Bruce veut faire exploser le syst�me trop rigide � son go�t de la direction des acteurs � l'ancienne en utilisant une autre mani�re de jouer la com�die. Il n'apr�cie pas non plus les chor�graphies classiques des combats, malgr� une bonne entente entre le chor�graphe maison Han Ying-Chieh, qui joue aussi le r�le du grand patron. Ce qui ne l'emp�che pas, de temps � autre, de lui sugg�rer subtilement quelques techniques, surtout en ce qui concerne son propre personnage, afin de relever le niveau des combats mais sans vouloir vexer Han Ying-Chieh.
Le tournage est tr�s difficile, Bruce perd plusieurs kilos, ol n'a rien � manger, uniquement du riz et quelques l�gumes. Les conditions climatiques sont insupportables, il fait trop chaud et humide.

big boss un succes Big

Finallement au soulagement de Lee et de toute l'�quipe, le tournage est termin�. "C'�tait un film important pour moi, dit il � un interviewer, parce que c'�tait la premi�re fois que j'avais un premier r�le: le fait d'avoir tourn� "Le Frelon Vert" m'avait donn� confiance en moi m�me. Je ne m'attendais pourtant nullement � ce que "Big Boss" batte un quelconque record, bien que j'ai toujours �t� persuad� qu'il ferait de l'argent."
Bruce et Raymond Chow furent donc autant surpris l'un que l'autre: un million deux cent cinquante mille personnes virent le film d�s sa premi�re sortie, et la recette de dix neuf jours de projection � Hong-Kong atteignit le chiffre fabuleux de sept cent quarante mille dollars. Le "China Mail" �crivit m�me � cette occasion: "il est g�n�rallement admis parmi les industriels locaux du cin�ma que le record �tabli par Big Boss ne pourra jamais �tre d�pass�." C'�tait une v�ritable r�v�lation, et Bruce fut d'ailleurs un des premiers � s'en rendre compte:"j'ai r�alis� l'�norme potentiel du film en assistant, en novembre 1971, � la premi�re. Bob Baker, de Stockton, �tait en ville pour son r�le dans mon deuxi�me film."La Fureur de Vaincre". Lui et moi, nous nous ass�mes au premier rang sans avoir �t� reconnus, et nous nous attach�mes � �tudier les r�actions du public. Au d�but, ce fut le silence presque total puis, peu � peu, l'atmosph�re s'�chauffa et, � la fin, les gars �taient hors d'eux; ils hurlaient et tapaient dans leurs mains. Ces fans l� ne font pas de d�tails: s'ils n'aiment pas un film, ils jurent et ils quittent aussit�t la salle. Quand la projection se termina, Bob Baker avait les larmes aux yeux. Il m'a serr� la main et m'a dit:"Mon vieux, je suis content pour toi".

big boss un succes Raisons

Tout d'abord, chaque personnage de l'intrigue avait �t� dot� par Lee de caract�ristiques propres permettant de le situer comme quelque chose de sup�rieur � une t�te � claques ou � un punching-ball; ce fait �tait nouveau dans le cin�ma chinois, et le public ne s'y trompe pas: c'�tait la premi�re fois qu'il voyait des personnages, encore grossiers certes, mais vivants, et proche de lui, et qu'il suivait une intrigue qui se voulait r�aliste. Et cela, c'�tait vraiment l'oeuvre de Bruce:"Les gens aiment r�ellement dit il, les films qui sont autre chose qu'une interminable bataille rang�e. Ce que j'esp�re, c'est que mon film inaugure une �re nouvelle du cin�ma mandarin".
Ere nouvelle? R�volution, plut�t. Car, en second lieu, les fans de Hong-Kong, � qui l'on avait offert des ann�es durant, que des acteurs maladroits tout juste capables de reproduire les gestes appris, venaient de d�couvrir l'idole l'idole qu'ils attendaient depuis toujours. Avec son apparence de bon gar�on et son charme tranquille, Bruce Lee �tait un acteur n�. Don, arrogance, talent, il poss�dait cette chose ind�finissable qui fait que James Dean �tait une "star" et que James Stewart, ne sera jamais qu'un bon acteur: la"pr�sence".
Mais la troisi�me et peut �tre la plus importante raison du succ�s du film fut sa pr�sentation des combats. Parlant de son h�ros, Lee expliquait: "c'est un gar�on un peu simple qui croit tout ce qu'on lui dit; puis, quand il se rend finallement compte qu'on la tromp�, il devient aussi f�roce qu'une b�te." Ce qui �tait bien le cas de Bruce Lee lui m�me: il se battait en suivant les r�gles d'un art remarquablement mis au point, mais apr�s chaque coup mortel, il avait besoin de plusieurs secondes pour reprendre ses esprits. Le public aussi, et le succ�s vint de l�. D'autant plus que en accord avec Chow, Bruce avait tout fait: prises de vue plus longues, montage lent, cadrage en pied des combattants pour que les affrontements film�s apparaissent comme parfaitement authentiques. C'est ce que traduisait Raymond Chow en expliquant:"Si vous regardez un combat dans un des films chinois qui sortent chaque jour, vous verrez des esp�ces de moulins � vent qui s'agitent dans tous les sens pendant un temps d�termin�. Ce qu'offrait Lee n'avait plus rien � voir avec cela."
La p�riode qui suivit confirma, pour Bruce, le tournant que repr�sentait la r�ussite de Big Boss. Le succ�s lui souriait enfin, apr�s des ann�es de p�nibles frustrations pendant lesquelles aucun studio occidental ne l'avait cru capable d'attirer le public, alors m�me que les producteurs orientaux refusaient de voir en lui autre chose qu'un acteur parmi d'autres.